Les Derniers - Albert

Albert
Veissid

Albert Veissid

Albert est né à Constantinople, en Turquie, en 1924. Il n’est âgé que de huit mois quand sa famille s’installe en France, à Lyon. Bientôt, il est rejoint par un petit frère. Adolescent, il travaille comme vendeur dans une boutique de tissus et fréquente le conservatoire de musique, où il étudie la guitare puis la clarinette. Arrêté sur son lieu de travail, il est emmené à Drancy, où il sympathise avec la personne chargée de la benne à ordures, qui fait transiter messages et objets par ce biais. C’est ainsi qu’il parvient à faire parvenir un courrier à ses parents, pour leur dire de se cacher : cela les sauvera. Déporté à Auschwitz par le convoi 75, il se prétend maçon, ce qui lui vaut d’être sélectionné pour travailler dans un bâtiment extérieur au camp, avec des Polonais. Le jour où les nazis décident de chercher des musiciens parmi les détenus juifs pour constituer un orchestre, Albert passe une audition, avec succès. L’orchestre d’Auschwitz, dont il est désormais le clarinettiste, joue le matin, pendant le long départ au travail des déportés, et le soir, à leur retour. Le reste de la journée, ils répètent dans une salle sous le bordel d’Auschwitz – une autre des « distractions » que s’étaient accordées les nazis, parmi lesquelles figurent aussi les concerts du dimanche en famille. Albert réchappe de justesse aux marches de la mort. Après la guerre, on lui diagnostique un pneumothorax. Il perd un poumon et ne pourra plus jamais jouer de la clarinette, mais continue sa carrière de musicien, à la guitare. En 2009, pendant des travaux dans un bâtiment du camp d’Auschwitz, une bouteille en verre contenant un message est retrouvée dans un mur. Dessus, sont inscrits les noms de sept déportés, six Polonais chrétiens et un Juif français : Albert Veissid. Pour lui, qui ne se rappelait plus du tout l’existence de cette véritable bouteille à la mer, lancée à l’époque, par les détenus dans l’espoir qu’on ne les oublie pas, c’est la « plus grande surprise » de sa vie. Albert est décédé en 2019, deux mois seulement après avoir témoigné dans Les Derniers. [...+]

Ma rencontre avec Albert

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Albert

« Nous ne répétions que pour les allemands, ils venaient le dimanche après midi avec leurs femmes, des SS aussi. »

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