Yvette Levy
Née à Paris, en 1926, de parents alsaciens, Yvette grandit en banlieue, dans une famille très unie de trois enfants. Monitrice aux éclaireurs israélites de France, elle est arrêtée avec son groupe le 21 juillet 1944 : elle a tout juste 18 ans. Elle est envoyée Drancy, puis à Auschwitz, par le convoi 77, le dernier à quitter la France. Pour cette jeune fille pudique, se retrouver nue devant des hommes et voir tous ces corps de femmes autour d’elle représente une immense honte. Elle passe un an en déportation, d’abord à Birkenau puis dans un camp en Tchécoslovaquie, rapidement abandonné par les nazis, dont elle devra revenir par ses propres moyens. Quand elle arrive enfin à Paris, au Lutetia, elle ne sait rien du sort de ses parents, pas même s’ils ont été arrêtés. Elle envoie un pneumatique à leur adresse, comme une bouteille à la mer. Lorsque sa mère vient la chercher, amaigrie, les cheveux blancs, elle ne la reconnaît pas. Quant à Yvette, elle pèse 36 kilos et est, elle aussi, méconnaissable. Les deux femmes tombent finalement dans les bras l’une de l’autre et quittent ensemble l’hôtel en métro pour rentrer à la maison. Lorsqu’il la voit, son père la regarde d’abord sans la reconnaître. Pour ne pas les faire souffrir davantage, Yvette ne raconte rien à ses parents. Elle sera pourtant l’une des premières anciennes déportées à apporter son témoignage sur ce qu’elle a vécu, respectant la promesse qu’elle s’est faite dans le camp. Après la guerre, Yvette s’inquiète de rencontrer un homme qui accepterait d’épouser une ancienne déportée, une femme qui a frôlé la mort et en garde plus que probablement des séquelles. Cinq ans plus tard, elle épouse Robert Lévy, avec qui elle a une fille, qu’elle considère aujourd’hui plus traumatisée qu’elle par le mal qu’on lui a fait. Elle consacre à présent une grande partie de son temps et de son énergie à témoigner.
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