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Ma rencontre avec

Henri

« Parfois, quand je me retrouve face à des descendants de mes frères de malheur, je ressens une sorte de culpabilité à être vivant. »

Henri Zajdenwergier

La vie d’Henri commence tragiquement. Né à Nancy en 1927, de parents polonais, il ne connaîtra pas sa mère, morte quelques jours après sa naissance, des suites de l’accouchement. Fils unique, il est élevé par son père, alors très jeune, et sa grand-mère, qui sera une mère pour lui.
Lorsque la guerre éclate, ils sont évacués à Angoulême. Henri y est arrêté une première fois en octobre 1942, avec treize membres de sa famille, lors de ce qui sera par la suite qualifié de « petite rafle du Vel d’hiv ». 422 juifs sont enfermés pendant plusieurs jours dans la salle philharmonique de la ville. Mais comme quelques autres Juifs français, il est finalement relâché. Il ne reverra plus jamais sa famille, qui sera déportée par le convoi 40.
Henri trouve refuge chez un ami de son père, qui avait promis à celui-ci de le recueillir s’il lui arrivait malheur. Il passe un an ainsi, avant d’être arrêté à nouveau en plein centre-ville, où on lui fait baisser son pantalon pour vérifier s’il est juif.
Il est déporté par le convoi 73, un convoi particulier, le seul à avoir pour destination les Pays baltes. Des 878 hommes qui partent pour la Lettonie puis l’Estonie, 22 seulement reviendront.
Henri est aujourd’hui le seul survivant de ce convoi. Face aux descendants de ses « frères de malheur », comme il les appelle, il éprouve parfois une culpabilité à être vivant, alors, même quand il se sent trop fatigué pour le faire, il s’oblige à témoigner pour alerter les jeunes générations. Selon lui, le danger majeur réside dans le fait que l’histoire se répète, mais d’une manière un peu différente chaque fois, si bien qu’il est facile de ne pas voir venir le danger et de se laisser piéger. Tout l’enjeu consiste à être vigilant pour identifier la menace sous ses nouveaux habits.



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