Les Derniers - Jacque
Ma rencontre avec

Jacques

« Sur le quai, j’ai dû voir passer sous mes yeux approximativement 300 000 personnes, qui sont parties à la mort.  »

Jacques Altmann

Jacques, dont le nom de naissance est Adolphe, est né en 1923. Il grandit à Romainville, avec ses trois frères, bientôt rejoints par un petit cousin orphelin qu’ils considéreront comme le cinquième de la fratrie.
Il sera absent le jour où la police est venue chez lui pour arrêter ses parents et ses frères. Plus tard, arrêté à son tour une première fois, il s’évadera de la préfecture de police. À nouveau contrôlé et cette fois-ci déculotté en pleine rue, il sera envoyé à Drancy puis chez Lévitan, un magasin de meubles parisien réquisitionné pour trier les biens spoliés aux juifs. Il y verra défiler le tout-Paris, qui vient s’y approvisionner gratuitement. Déporté à Birkenau par le convoi 68, il est sélectionné pour travailler dans un commando particulier, le « Kanada », qui fait entre autres office de « comité d’accueil ». Ce groupe de déportés, dans un état un peu moins délabré que les autres, est posté sur la rampe à l’arrivée des trains – une mise en scène censée rassurer les nouveaux arrivants afin qu’ils restent dociles. Après quoi, le commando est chargé de vider les wagons et de trier les affaires : les biens de valeur iront en Allemagne, les vêtements usés ou abîmés habilleront certains déportés. Jacques voit ainsi défiler des centaines de milliers de personnes, qui vont pour la plupart directement à la mort. Parmi elles, ses grands-parents adorés. Ses amis devront le retenir de force pour qu’il ne parte pas avec eux. Après la guerre, en revenant à Romainville, Adolphe ne retrouvera aucun membre de sa famille. Il changera son prénom pour « Jacques », en souvenir d’un de ses petits frères assassinés. Il est le premier ancien déporté que j’ai rencontré ; c’est lui qui a inspiré le projet Les Derniers/The Last Ones.



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