Ma rencontre avec

Guy

« J’ai essayé de ne pas trop en parler parce que ça n’apporte rien, ça fait juste de la peine à tout le monde. »

Guy Granat

Né en 1925 en Pologne, Guy est déporté à Auschwitz en juillet 1944, avec son frère Samuel et Léon, son père. Ils seront tous les trois ensemble jusqu’à l’assassinat de leur père au camp de Dora. Puis ils sont transférés à Bergen-Belsen. A la libération du camp, ils ne savent rien du sort de leur mère ni de leur sœur. Quand un oncle leur apprend qu’elles sont vivantes et se trouvent en Pologne, Guy décide d’aller les chercher. La guerre est à peine terminée et le voyage est une véritable épopée, mais il parvient à les retrouver : elles doivent la vie à des paysans qui les ont cachées pendant la fin de la guerre. Elles rejoignent finalement le reste de la famille en France.
Dans la petite chambre de l’hôtel meublé où il vit, longtemps, Guy fait le même cauchemar : la nuit, il est étouffé par un édredon.
Il ne parle pratiquement pas de ce qu’il a enduré. Ce n’est pas de la timidité, mais la crainte de ne pas savoir trouver les mots. Son frère et lui décident donc de garder le silence.
Surtout, Guy s’efforce d’oublier. Lorsqu’il se marie, il n’a que deux préoccupations : sa famille et son travail. Il travaille beaucoup, même le week-end, ce qui lui vaut une belle réussite professionnelle qu’il n’a pas vraiment cherchée, mais qui est avant tout le fruit de sa volonté de ne pas penser.
Les quatre enfants du couple savent que leur père est un ancien déporté et leur mère, une enfant cachée, mais à la maison, on ne pose pas de question. Un jour pourtant, l’un de ses huit petits-enfants l’interroge sur le numéro tatoué sur son bras. Alors il raconte, un peu, mais pas trop, car « cela n’apporte rien de bon ».
Guy ne s’est en revanche jamais interdit l’humour, même sur cette partie de sa vie, et quand on lui demande d’où lui vient son allemand parfait, il répond qu’il l’a appris dans la meilleure des universités : celle d’Auschwitz-Birkenau.



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