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Ma rencontre avec

Evelyn

« Dès qu’on est sortis du train, dès qu’on nous a donné à manger et à boire, on est redevenus des enfants. »

Evelyn Askolovitch

Evelyn est née en 1938, à Amsterdam, après que sa famille ait quitté l’Allemagne, inquiète de la montée du nazisme. Dénoncés par des voisins, ils sont arrêtés puis déportés, d’abord aux Pays-Bas, puis à Bergen-Belsen, l’un des rares camps où il y a des enfants – à Auschwitz, ils étaient assassinés dès leur arrivée. Evelyn n’a pas quatre ans ; elle se souvient à peine de la longue année qu’elle a passée au camp. Ses souvenirs reprennent après la libération : elle se rappelle alors être redevenue une enfant.
Après-guerre, lorsque la famille retourne à Amsterdam, Evelyn se retrouve dans une classe où tous ses camarades ont été cachés ou déportés. Mais personne n’en parle : entre eux, les enfants n’évoquent jamais la guerre, comme si ces trois années n’avaient pas existé. À tel point que pendant très longtemps, Evelyn ne se sent pas légitime pour s’exprimer en tant qu’ancienne déportée. Ce n’est qu’en 2010, lorsqu’elle reçoit une liste où son nom est inscrit noir sur blanc parmi ceux d’autres personnes déportées à Bergen-Belsen, que cette déportation prend soudainement corps, qu’elle devient réelle.
Evelyn vit désormais à Paris. Chaque fois qu’elle retourne à Amsterdam, elle est profondément meurtrie de constater qu’il n’existe pratiquement plus aucune trace du quartier juif, celui où elle vivait. 65 % des juifs hollandais ont été exterminés. Aujourd’hui, elle a l’impression que c’est comme s’ils n’avaient jamais existé.



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